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Numéro de l'objet:176282913293Médaille 96mm Georges Clemenceau Ferdinand Foch graveur Ferdinand GILBAULT 1918. _______________ 242- tir96 Médaille en cuivre de la Monnaie de Paris (Poinçon corne d'abondance à partir de 1880) . Frappée en 1918 . Exemplaire montrant des traces de manipulations . Belle patine ancienne pour cet assez rare et grand module de 96 mm . Artiste / graveur : Ferdinand GILBAULT (1837-1926) . Dimensions : 96 mm . Poids : 318 g . Métal : cuivre . Poinçon sur la tranche (mark on the edge) : corne d'abondance + cuivre . Envoi rapide et soigné. The stand is not for sale . Le support n'est pas à vendre. ________________ Georges
Clemenceau (/kle.mɑ̃.so/N 1), dit le Tigre, né le 28 septembre 1841 à
Mouilleron-en-Pareds (Vendée) et mort le 24 novembre 1929 à Paris, est
un homme d'État français, président du Conseil de 1906 à 1909 puis de
1917 à 1920. Fils de médecin et médecin lui-même, il est maire du
18e arrondissement de Paris puis président du conseil municipal de
Paris au début de la Troisième République. Il est député entre 1871 et
1893, siégeant en tant que républicain radical. Il défend l'amnistie
pour les communards et milite en faveur de la restitution de
l'Alsace-Moselle. Anticlérical, il prône la séparation des
Églises et de l'État et s'oppose à la colonisation, faisant tomber le
gouvernement Jules Ferry sur cette question. Fondateur du journal La
Justice, il travaille ensuite à L'Aurore et prend une part active dans
la défense du capitaine Dreyfus. En 1899, il publie le livre «
L’iniquité » sur l’affaire Dreyfus. En 1902, il est élu sénateur dans le
Var, mandat qu'il occupe jusqu'en 1920, bien qu'il ait précédemment
critiqué l'institution du Sénat, tout comme la présidence de la
République. Nommé ministre de l'Intérieur en mars 1906, surnommé «
le Tigre » et se désignant lui-même comme le « premier flic de France
», il réprime durement les grèves — ce qui l'éloigne des socialistes —
et met un terme à la querelle des inventaires. À la fin de l'année 1906,
il devient président du Conseil, fonction qu'il occupe pendant près de
trois ans et qu'il cumule avec celle de ministre de l'Intérieur. En
1913, il fonde le journal L'Homme libre, qu'il rebaptise L'Homme
enchaîné après avoir essuyé la censure ; fervent opposant à l'Empire
allemand, il se montre en effet critique envers l'action des
gouvernements français en place lors de la Première Guerre mondiale. En
novembre 1917, il est de nouveau nommé président du Conseil et forme un
gouvernement consacré à la poursuite de la guerre. Partisan farouche
d'une victoire totale sur l'Empire allemand, il poursuit la guerre et se
voit attribuer le surnom de « Père la Victoire » à l'issue du conflit.
Il négocie ensuite à la conférence de la paix de Paris, où il affiche
une forte hostilité envers l'Allemagne. Par la suite, en 1919, il fait
promulguer la loi des huit heures et remporte les élections législatives
à la tête du Bloc national, une coalition rassemblant la droite et le
centre. Bien que très populaire dans l'opinion publique, il
refuse de se présenter à l'élection présidentielle de janvier 1920 après
avoir été mis en minorité lors du vote préparatoire du groupe
républicain à l'Assemblée nationale. Il quitte alors la tête du
gouvernement et se retire de la vie politique. Origines et formation Orthographe du nom de famille À l'état civil (acte N° 76), son nom est « Georges Benjamin Clémenceau », avec un accent aigu sur le premier « e ». Lors
de sa naissance et dans sa jeunesse, l'écriture de son nom de famille
est variable, avec ou sans accent, ce qui était courant pour les noms
propres dont l'orthographe n'était pas stabilisée jusqu'à la seconde
moitié du XIXe siècle. D'après l'historien Jean-Baptiste Duroselle,
c'est Georges Clemenceau lui-même qui a imposé en mars 1884, dans les
colonnes de son journal La Justice, l'écriture « Clemenceau », sans
qu'il puisse donner une explication précise à cette attention
soudainement portée à l'orthographe de son nom1. La prononciation
[klemãso:] (« Clémenceau ») est toutefois préférée à [kləmãso:] («
Clemenceau »). Les deux orthographes se retrouvent pour le nom des
membres de sa famille. Famille Sophie Emma Gautreau (1817-1903), mère de Georges Clemenceau. Benjamin Clemenceau (1810-1897), père de Georges Clemenceau. Né
le 28 septembre 1841 au 19, rue de la Chapelle, à 9 h du matin
(rebaptisée depuis rue Georges-Clemenceau), dans la maison2 de ses
grands-parents maternels à Mouilleron-en-Pareds3. On remarque que sur
l'acte de naissance figure un accent aigu sur le premier e de
Clemenceau, Clemenceau affirme plus tard « C'est au caractère vendéen
que je dois le meilleur de mes qualités. Le courage, l'obstination
têtue, la combativité4 ». Il est le deuxième des six enfants
(Emma, Georges, Adrienne, Sophie, Paul et Albert) de Benjamin Clémenceau
(29 avril 1810-23 juillet 1897), établi comme médecin à Nantes, mais
vivant surtout de ses fermages5, et de Sophie Eucharie Emma Gautreau (21
décembre 1817-20 avril 1903)6,7 Sa famille paternelle, qui
appartient à la bourgeoisie vendéenne, habite le manoir du Colombier,
dans la commune de Mouchamps. Au début du XIXe siècle, elle hérite par
mariage du domaine de « l'Aubraie » de Féole8, dans la commune de La
Réorthe, en Vendée, région de tradition royaliste et catholique. Son
arrière-grand-père, Pierre-Paul Clemenceau (29 mai 1749-10 novembre
1825), est médecin des Armées de l'Ouest pendant la guerre de Vendée,
puis sous-préfet de Montaigu et député du Corps législatif en 1805, au
début du Premier Empire9,10. Il organisa dans son logis du Colombier à
Mouchamps — acquis par un ancêtre vers 1702 — un des foyers du groupe
républicain, nommé « les Bleus de Montaigu »11. Son père,
Benjamin est médecin ; c'est un républicain engagé, progressiste,
farouchement athée, qui a une grande influence sur Georges, le second de
ses six enfants, en lui transmettant les idéaux révolutionnaires et la
haine de toute monarchie12. Benjamin Clemenceau qui avait notamment
participé aux Trois Glorieuses de 1830 accueillit l’avènement de la
Seconde République comme une délivrance mais doit cependant déchanter à
la suite de l'opération Rubicon et de la mise en place du Second Empire.
Surveillé pour ses activités politiques, le père de Clemenceau fera
plusieurs passages en prison mais continuera de défendre et d'inculquer à
ses fils et filles les valeurs républicaines. Cette influence
paternelle laisse une empreinte indélébile sur le Tigre qui nourrit tout
au long de sa vie une grande admiration pour la Révolution française et
ses idéaux. Pour reprendre les mots de Michel Winock « Georges fut
élevé sous les portraits des hommes de la Révolution française13. » De
par ses convictions philosophiques et politiques, Clemenceau s'est ainsi
affirmé comme un véritable héritier des « Bleus », dans la
traditionnelle partition tripartite du comportement politique des
Français. Depuis la Révolution française, le comportement politique des
Français serait en effet divisé en trois familles héritées des grands
courants philosophiques et politiques ayant émané pendant et après la
Révolution française à savoir les « Bleus », les « Blancs » et les «
Rouges ». Dans cette partition politique, les « Bleus » sont les
libéraux et républicains considérés comme les héritiers des
révolutionnaires français, notamment jacobins, plaçant la liberté, le
progrès et la liberté de conscience au cœur de leur programme politique.
Les « Blancs » sont les conservateurs considérés comme les descendants
historiques de ceux qui ont soutenu la Monarchie et l'Église lors de la
Révolution française et se distinguant par l'importance qu'ils attachent
à l'ordre et la patrie. Enfin, les « Rouges » sont considérés comme les
partisans de la Révolution, de l'égalitarisme, véritables héritiers des
Communards de 1871 et qui furent historiquement en faveur de la
collectivisation des moyens de production. Toutefois, ces trois familles
politiques ne doivent pas être perçues comme des blocs monolithiques en
premier lieu parce qu'elles sont avant tout des idéaux-types au sens de
Max Weber (et donc n'existent pas réellement dans la réalité telles
quelles), en second lieu parce que certains idéaux et valeurs sont
communs à deux familles. Par exemple, la défense de la patrie est une
valeur revendiquée à la fois par les « Bleus » et les « Blancs » (ce qui
expliquera le patriotisme farouche de Clemenceau et l'appui d'un bon
nombre de députés de droite pouvant être considérés comme des « Blancs
», pendant la Première Guerre mondiale). Benjamin Clemenceau, père de Georges Clemenceau. Sa
famille est longtemps proche d'une autre grande famille de républicains
progressistes, celle de Marcellin Berthelot. La petite nièce de
Clemenceau, Annette Clemenceau, épousera le petit-fils de Marcellin
Berthelot, Richard Langlois-Berthelot14. Benjamin Clemenceau a
participé aux Trois Glorieuses de 1830 et, lors de la Révolution de
1848, il a créé une « Commission démocratique nantaise9 ». Détenu une
brève période à Nantes au lendemain du coup d'État du 2 décembre 18519,
il est arrêté après l'attentat d'Orsini de 1858 et soumis, sans procès, à
la transportation vers l'Algérie en vertu de la loi de sûreté
générale9. Il est toutefois libéré avant d'embarquer à Marseille, grâce à
l'indignation de Nantes9 et à l'intervention d'un groupe de notables,
notamment de son collègue Pierre Honoré Aubinais, médecin nantais et
bonapartiste de gauche, qui aurait été proche de Jérôme Bonaparte [réf.
incomplète]15, et mis quelque temps en résidence forcée à Nantes9. Outre
ce fond républicain, marqué par le buste de Robespierre sur la
cheminée, son père lui enseigne la chasse, l'équitation et l'escrime :
en 1890, Clemenceau est le nègre de son ami James Fillis pour ses
Principes de dressage et d'équitation16. Benjamin Clemenceau fut à
ses heures peintre : portrait en buste de son fils enfant, et sculpteur
: profil de son fils et double profil de lui et de sa sœur Emma, l'un
et l'autre en plâtre, en 1848, année où il planta dans la propriété
familiale du Colombier à Mouchamps (85), avec son jeune fils, un cèdre
de l'Atlas, son « arbre de la Liberté », qui surplombe sa tombe, et,
depuis novembre 1929, celle de son fils. Sa mère, Sophie Gautreau
(1817 - Hyères, 20 avril 1903), qui lui enseigne le latin (il connaît
également le grec), est issue d'une famille de cultivateurs devenus de
petits bourgeois, de religion protestante9. Études et séjour américain Georges Clemenceau vers l'âge de seize ans (musée Clemenceau). Georges
Clemenceau est élève du lycée de Nantes à partir de la classe de 5e en
1852-53. Son professeur de lettres de 5e est Louis Vallez, le père de
Jules Vallès. Il effectue une scolarité convenable17, obtenant chaque
année (sauf en 4e) quelques accessits, et seulement trois prix
(récitation classique en 5e, histoire naturelle en rhétorique, version
latine en logique). Lors de la remise de ce dernier prix, en 1858,
l'année de l'arrestation de son père, il est ovationné par les
assistants18. À partir de 1883, Clemenceau est un membre fondateur actif
de l'Association des anciens élèves du lycée de Nantes (section
parisienne), où il rencontre Boulanger19, son condisciple en 1852-1853,
mais beaucoup plus âgé (élève de classe préparatoire à Saint-Cyr). Son
nom sera donné au lycée dès 1919. Il obtient le baccalauréat ès
lettres en 1858. Il s'inscrit ensuite à l'école de médecine de Nantes.
Après trois années pendant lesquelles il se révèle un étudiant médiocre
et dissipé, passant notamment en conseil de discipline, il part en 1861
poursuivre ses études à Paris, où il s'inscrit également en droit20. Il
fréquente des cercles artistiques et républicains dans le Quartier
latin où il fait connaissance de Claude Monet en 186321. Avec plusieurs
camarades (Germain Casse, Jules Méline, Ferdinand Taule, Pierre Denis,
Louis Andrieux9,22), il fonde un hebdomadaire, Le Travail, dont le
premier numéro paraît le 22 décembre 1861. Zola se joint au groupe afin
de soutenir le journal contre la censure9. Clemenceau y publie des
piques à l'encontre de l'écrivain Edmond About, rallié au régime9. La
publication prend fin au bout de huit numéros9 : la plupart des membres
ont en effet été arrêtés après un appel à manifester place de la
Bastille afin de commémorer la Révolution du 24 février 18489. Le 23
février 1862, Clemenceau est envoyé pour 73 jours à la prison Mazas9. «
Quand on a l'honneur d'être vivant, on s'exprime ! »[réf.
incomplète][Quand ?]23. Libéré, il rend visite à son ami
Ferdinand Taule, détenu à Sainte-Pélagie9, où il rencontre Auguste
Blanqui, alias « l'Enfermé », avec qui il se lie d'amitié et de
complicité, ainsi qu'Auguste Scheurer-Kestner, personnage central de la
défense de Dreyfus9. En 1896, il honore Blanqui en parlant de « cette
vie de désintéressement total […] [qui] ne découragera que les lâches du
grand combat pour la justice et pour la vérité24 ». Georges Clemenceau vers 1865 (musée Clemenceau). Durant
ses années d’études, Clemenceau participe à la création de plusieurs
autres revues et écrit de nombreux articles avec son ami Albert Regnard.
Après avoir effectué des stages à l'hôpital psychiatrique de Bicêtre,
puis à La Pitié, il obtient le doctorat en médecine le 13 mai 1865 avec
une thèse intitulée De la génération des éléments anatomiques, sous la
direction de Charles Robin, un matérialiste ami d'Auguste Comte9. Sa
thèse reprend les idées de Robin, qui est un adversaire du catholique
bonapartiste Pasteur9. Elle est ensuite publiée chez Jean-Baptiste
Baillière en échange de la traduction par Clemenceau d’Auguste Comte and
Positivism de J. S. Mill9. Plus tard, lorsque Pasteur sera devenu
célèbre, Clemenceau reconnaitra de bonne grâce son erreur. À la
suite d'un dépit amoureux avec Hortense Kestner, la belle-sœur de son
ami Auguste Scheurer-Kestner, le 25 juillet 1865, il s’embarque, d'abord
pour l'Angleterre, où son père le présente à Mill et Spencer9, puis
pour les États-Unis, qui sortent à peine de la guerre de Sécession. Il
trouve un poste d’enseignant dans un collège pour jeunes filles à
Stamford (Connecticut) où il donne des cours de français et
d’équitation. Il devient également correspondant du journal Le Temps9. Mary Clemenceau (par Ferdinand Roybet). Clemenceau
s’éprend alors d’une de ses élèves, Mary Plummer (1848-1922), qu’il
épouse civilement le 20 juin 18699 et avec qui il a ensuite trois
enfants : Madeleine (née le 2 juin 1870), Thérèze Juliette (née le 18
juin 1872) et Michel William Benjamin (né le 24 novembre 1873). Sa
femme ayant une liaison avec son jeune secrétaire précepteur des
enfants, il fait constater l'adultère et l'envoie quinze jours dans la
prison Saint-Lazare pour adultère (alors qu'il a eu lui-même de
nombreuses liaisons féminines) et pendant cette incarcération demande le
divorce qu'il obtient en 1891, avant de la renvoyer aux États-Unis avec
un billet de troisième classe, ayant obtenu qu'elle perde la garde de
ses enfants et la nationalité française[réf. souhaitée]. Revenue vivre
en France, mais restée perturbée psychologiquement par ces évènements
conjugaux, l'ex-Madame Georges Clemenceau meurt seule, le 13 septembre
1922, dans son appartement parisien du 208, rue de la Convention25.
Clemenceau l'annonce ainsi à son frère Albert : « Ton ex-belle-sœur a
fini de souffrir. Aucun de ses enfants n'était là. Un rideau à tirer. »
(lettre du 27 septembre 1922 dans sa Correspondance 1858-1929, p.
639)26. De ce séjour américain, il tire un bilinguisme franco-anglais rare à l'époque et une familiarité avec les cercles anglo-saxons. Débuts dans le camp républicain Effondrement de l'Empire Le
26 juin 1869, il est de retour en France avec sa femme. Son voyage aux
États-Unis lui aura fait découvrir la démocratie américaine — il admire
la procédure d'impeachment9 — et lui laisse un goût durable pour la
philosophie et la littérature anglo-saxonne9. La foule devant le Corps législatif au matin du 4 septembre 1870 (Jacques Guiaud, musée Carnavalet). Dès
que la guerre franco-prussienne éclate, il quitte sa femme et son
nouveau-né, Madeleine, pour se rendre à Paris, où il arrive début août
187027. À la suite de la défaite de Sedan, le 2 septembre 1870, il prend
une part active, avec ses amis Arthur Ranc et Edmond Adam27, à la «
journée du Quatre Septembre » au cours de laquelle est proclamée la
République. Formé le jour même, le gouvernement de la Défense
nationale nomme Étienne Arago maire de Paris, qui lui-même nomme des
maires provisoires dans les différents arrondissements. Arago cherchant
des républicains sûrs27 nomme Clemenceau, – introduit auprès d'Arago par
son père – à la tête de la mairie du XVIIIe arrondissement. Il
rencontre alors l'anarchiste Louise Michel27, institutrice du quartier,
et permet à Blanqui de devenir commandant du 169e bataillon de la garde
nationale de Paris27, alors que le siège de Paris commence le 19
septembre 1870. Fin octobre, les Parisiens se révoltent en
apprenant la reddition à Metz du maréchal Bazaine et l'envoi par le
gouvernement provisoire conservateur d'Adolphe Thiers à Versailles, pour
négocier l'armistice avec Bismarck. Pour le républicain farouchement
antimonarchiste qu'est Clemenceau, c'est une provocation : il fait
placarder des affiches annonçant son refus d'une telle « trahison ». Le
jour même, la Garde nationale des quartiers populaires organise un
soulèvement afin de prendre l'Hôtel de Ville. La Garde nationale des
quartiers bourgeois, emmenée par Jules Ferry, s'y oppose et empêche le
coup de force. Cet épisode va faire de Clemenceau et Ferry des rivaux
acharnés27. Désavoués pour leur complicité avec les
révolutionnaires, Arago démissionne, suivi de Clemenceau27. Le
gouvernement obtient la confiance des Parisiens par le plébiscite du 3
novembre, et organise des élections municipales le 5 novembre.
Clemenceau est élu dans le 18e arrondissement. Il est cependant destitué
le 22 janvier 1871, jour d'une manifestation à l'Hôtel de Ville, pour
avoir demandé, avec d'autres maires d'arrondissement réunis par Jules
Favre, la démission du général Trochu27. L'armistice, refusé par
Clemenceau et le peuple parisien, est signé six jours plus tard27. Le
8 février, ayant refusé l'offre de Gambetta de devenir préfet du
Rhône27, il est élu député de la Seine (en 27e position) au sein de la
nouvelle Assemblée nationale. Il figure alors sur les listes électorales
de l'Union républicaine, s'opposant à la paix léonine avec Bismarck,
aux côtés de Victor Hugo, Garibaldi, Gambetta, Courbet, Louis Blanc,
etc.27. De la Commune au conseil municipal de Paris Article connexe : Commune de Paris. Georges Clemenceau photographié par Étienne Carjat (vers 1871). Début
mars 1871, Clemenceau est à Paris. Le 1er mars 1871, il appelle ses
concitoyens à s'abstenir de toute violence lors de l'entrée des
Prussiens dans la ville27. Lors du soulèvement du 18 mars 1871,
accompagné du capitaine Mayer et Sabourdy, il tente de sauver de la
foule les généraux Thomas et Lecomte27. Le soir, le Comité central de la
garde nationale a pris le pouvoir à Paris, et décide l'organisation
d'élections municipales27. Deux jours plus tard, à l'Assemblée
réunie à Versailles, Clemenceau dépose, avec 18 députés républicains, un
projet de loi afin d'organiser l'élection d'un conseil municipal de 80
membres à Paris, « qui aura le titre et exercera les fonctions de maire
de Paris27 ». Il navigue ainsi entre le gouvernement de Thiers et la
Commune de Paris, tentant de concilier les camps ennemis, ce qui lui
attire l'inimitié des deux parties27. Les communards, à qui il reproche
d'être sortis de la légalité, le font ainsi démissionner de sa fonction
de maire le 22 mars27, le remplaçant par un délégué du Comité central27.
Ce dernier organise des élections municipales le 26 mars 1871, au cours
desquelles Clemenceau n'obtient que 752 voix sur 17 443 votants27. Georges Clemenceau par Nadar28. Minoritaire,
il démissionne de son poste de conseiller municipal et de député la
veille de la proclamation de la Commune27, et fonde avec d'anciens
maires la Ligue d'union républicaine des droits de Paris, qui tente de
négocier avec les deux camps29. Il quitte Paris le 10 mai 1871 afin de
rejoindre le congrès des municipalités à Bordeaux, interdit par le
gouvernement Thiers29. Devant cet échec, il tente de revenir à Paris,
mais ne peut entrer dans la ville, soumise à l'attaque sanglante du
gouvernement Thiers29. Soupçonné de connivence avec la Commune,
il se rend clandestinement en Vendée, puis à Belfort et Strasbourg
annexé29, avant de retourner à Paris le 15 juin 1871. Battu aux
élections complémentaires du 2 juillet 1871, il se fait élire conseiller
municipal de Paris le 30 juillet 1871, à Clignancourt. En 1872, il se
bat en duel avec Poussargues, ce qui lui vaut 15 jours avec sursis et 25
francs d'amende29. Il est réélu lors des élections municipales de
novembre 1874. Le 29 novembre 1875, il est élu président du conseil municipal de Paris par 39 voix sur 54 suffrages29. Il déclare :
« Le caractère dominant de notre politique municipale […] c'est d'être
profondément imbue de l'esprit laïque, c'est-à-dire que, conformément
aux traditions de la Révolution française, nous voudrions séparer le
domaine de la Loi, à qui tous doivent obéissance, du domaine du Dogme,
qui n'est accepté que par une fraction seulement des citoyens30. » Député radical de la Seine puis du Var Son
élection, le 20 février 1876, comme député de Paris à la Chambre des
députés marque son émergence sur la scène nationale. Il est élu dans le
18e arrondissement dès le premier tour avec 15 000 voix contre 3 700
pour son rival31. Refusant alors aussi bien les institutions de la
présidence de la République et du Sénat que le cumul des mandats, il
démissionne de son poste de président du conseil municipal le 24 avril
187632. Clemenceau s'impose par son verbe comme le chef
incontesté des républicains radicaux (qui ne sont pas encore constitués
en parti) et de l’opposition d’extrême gauche aux Opportunistes, emmenés
par Gambetta. L'écrivain Julien Gracq parle a posteriori de son «
agressivité pure, gratuite, incongrue », de cette « personnalité aux
arêtes tranchantes comme un rasoir33 ». Il lutte alors pour l'amnistie
des « Communards34 », la révision des lois constitutionnelles de 1875
rédigées par les républicains opportunistes et les orléanistes, la
laïcité et, 30 ans avant la loi de 1905, la séparation des Églises et de
l’État. Lutte pour l'amnistie Dès son discours du 16 mai 1876
à la Chambre, il se fait remarquer par son éloquence, qu'il met au
service de l'amnistie35. Raspail, Lockroy et lui, ainsi que Victor Hugo
au Sénat, s'unissent dans ce combat35, mais ils sont minoritaires face
aux opportunistes, qui, derrière Gambetta et Jules Méline, soutiennent
une amnistie partielle34. Ils relancent le combat pour l'amnistie
trois ans plus tard34. Au gouvernement Waddington qui veut exclure de
celle-ci ceux qui « se déclarent les ennemis de la société », Clemenceau
rétorque, suscitant les rires de la Chambre : « À quel
signe, à quel critérium, on reconnaît un ennemi de la société : M. le
duc de Broglie est un ennemi de la société aux yeux de M. Baudry
d'Asson, et moi je tiens M. Baudry d'Asson pour un ennemi de la société.
Nous sommes ainsi 36 millions d'ennemis de la société qui sommes
condamnés à vivre dans la même société (Nouveaux rires)36. » Le
projet est cependant rejeté. Il soutient alors, avec quelques amis, et
incognito, la candidature à la députation de Blanqui, détenu à la maison
centrale de Clairvaux34. Celui-ci est élu le 20 avril 1879 ; sa
situation d'inéligibilité permet à Clemenceau de relancer la bataille
pour l'amnistie34. En 1880, la démission du maréchal Mac-Mahon, ultime
épisode de la crise du 16 mai 1877 (où il est l'un des signataires du
manifeste des 36337), son remplacement par Jules Grévy, et le résultat
des élections sénatoriales permettent finalement à Clemenceau d'arriver à
ses fins : l'amnistie pleine et entière est votéeN 2. Rupture avec Gambetta et discours de Marseille Georges Clemenceau photographié par Étienne Carjat, vers 1879. Après
que les républicains se sont scindés entre radicaux et « opportunistes
», Clemenceau attaque férocement ces derniers pour leur timidité et leur
pragmatisme. Il contribue ainsi à la démission du ministre de
l'Intérieur Marcère en mars 1879, provoquée par un scandale de police : à
cette occasion, qui signe la rupture avec Gambetta, Clemenceau réclame
l'épuration des cadres de police hérités du Second Empire38. Son
discours de Marseille du 28 octobre 1880, qui reprend le programme de
Belleville de Gambetta (1869)39, blâme ainsi l'opportunisme qui vise à «
ajourner » les réformes dans le cadre de la « République victorieuse
des monarchistes40 ». Il y réclame la séparation des Églises et de
l'État, la confiscation des biens des congrégations, la suppression du
Sénat, l'élection des magistrats, l'autonomie municipale, l'impôt sur le
revenu, la limitation de la durée légale de la journée de travail, la
retraite des vieux travailleurs, la responsabilité des patrons en cas
d'accident, le rétablissement du divorce et la reconnaissance du droit
syndical39, ainsi que l'interdiction du travail pour les enfants en
dessous de 14 ans, la liquidation des grandes compagnies de chemin de
fer, des canaux et des mines41. À l'occasion d'une interpellation
du jeune socialiste Alexandre Avez, il critique cependant le «
collectivisme » et la socialisation des moyens de production. Lors de ce
discours, prononcé le 11 avril 1880 au cirque Fernando à Paris, il
rétorque à Avez : « il y a aussi des jésuites rouges42 ». Le quotidien
centriste Le Temps remarque : « Quelque avancé que l'on soit, on se
trouve toujours être le réactionnaire de quelqu'un42. » Bien que
siégeant toujours à l'extrême gauche, il incarne ainsi une voie médiane
entre le socialisme émergeant et l'opportunisme. Lors des débats sur la
loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881, il tente de
s'opposer à l'institution d'un délit d'outrage au président de la
République, qu'il considère comme une forme de censure43. De même, il se
moque en février 1881 du délit de diffamationN 3,43. Il tente
également d'autoriser les assemblées non permanentes lors des débats sur
la liberté de réunion, alors que le projet de loi maintient
l'interdiction sur les clubs politiques44. Concernant les lois Jules
Ferry, il s'oppose radicalement à une loi sur l'éducation obligatoire
qui n'inclurait pas le caractère laïque de l'éducation publique,
considérant l'éducation obligatoire dans des écoles religieuses comme
contraire à la liberté de conscience44. Durant ce mandat45, il a
ainsi voté pour les poursuites judiciaires contre les responsables du 16
mai (Mac Mahon, etc.) ; pour la révision des lois constitutionnelles de
1875 proposée par la commission Barodet ; pour l'élection des
magistrats ; pour la séparation des Églises et de l'État ; pour
l'amnistie des Communards ; pour l'instruction laïque ; pour le service
militaire réduit à 3 ans ; pour la fin de l'exemption du service
militaire pour les séminaristes ; pour la diminution du traitement des
cardinaux, archevêques et évêques ; pour la suppression de l'ambassade
au Vatican ; pour le rétablissement du divorce ; pour la liberté
d'association et la liberté de réunion ; contre l'interdiction des clubs
; pour la liberté de la presse ; pour la loi visant à protéger les
employés des chemins de fer contre les grandes compagnies ; pour la
journée de 10 heures maximum ; pour la reconnaissance des syndicats ;
pour le scrutin de liste ; pour les poursuites contre le préfet de
police Andrieux. Pour asseoir davantage son influence, il fonde
avec le jeune Stephen Pichon un journal, La Justice, qui paraît pour la
première fois le 13 janvier 1880. Le rédacteur en chef en est Camille
Pelletan. Malgré un tirage relativement faible et un échec économique
durable, le quotidien bénéficie d'une certaine audience dans les milieux
politiques. Débats avec Jules Ferry sur le colonialisme Circle-icons-scissors.svg Cette section est trop longue. Elle pourrait gagner à être raccourcie ou répartie en plusieurs sous-sections. Il
est également possible que sa longueur crée un déséquilibre dans
l'article, au point d'en compromettre la neutralité en accordant à un
aspect du sujet une importance disproportionnée. Réélu aux
législatives de 1881, à la fois dans les deux circonscriptions du 18e
arrondissement où il s'est présenté et à Arles, où les républicains
locaux lui ont demandé de se présenter46, Clemenceau acquiert pour sa
férocité le surnom de « Tigre »47, un animal qu'il disait ne pas aimer
(« Tout en mâchoire et peu de cervelle. Cela ne me ressemble pas »48),
et une réputation de « tombeur de ministères » grâce notamment à ses
talents d'orateur redouté pour son ironie et sa férocité verbale49.
Intransigeant face aux opportunistes, il fait en effet tomber plusieurs
ministères successifs, avec l'appoint de voix de droite. « Je n'ai
pourtant jamais démoli qu'un seul ministère, dit-il pour sa défense,
puisque c'était toujours le même50. » Lors du discours de Salerne en
1893, il déclare : « Ce qu’on ne dit pas c’est que les
modérés ont, à travers tout, sous des noms divers, maintenu les mêmes
hommes et la même politique d’atermoiement. Ce qu’on ne dit pas, c’est
que, rencontrant un cabinet radical, les modérés ne se sont pas fait
faute de s’unir à la droite pour le renverser. Ainsi se retourne contre
eux un de leurs principaux griefs contre nous. » Dès novembre
1881, il attaque le cabinet Ferry à propos de l'expédition tunisienne
qui a abouti à l'instauration d'un protectorat (traité du Bardo),
considérant qu'elle ne résulte que de l'action d'hommes « qui veulent
faire des affaires et gagner de l'argent à la Bourse51 ! » Il dépose une
motion proposant une enquête sur les causes de l'expédition, la droite
déposant une motion rivale accusant le gouvernement « d'avoir trompé les
Chambres et le pays51 ». Incapable de faire voter l'ordre du jour,
Ferry démissionne et laisse la place au gouvernement Gambetta. Deux
mois plus tard, en janvier 1882, l'action de Clemenceau en faveur de la
révision intégrale de la Constitution contribue à la démission du
ministère Gambetta, remplacé par le cabinet Freycinet. En incitant les
députés à refuser le vote d’un budget pour une intervention militaire
sur le canal de Suez, ce qui est fait le 29 juillet 1882, il pousse
également Freycinet à la démission. Jules Ferry, Georges Clemenceau
et Henri Brisson à la Chambre des députés (dessin satirique sur la
guerre franco-chinoise, Le Triboulet, 23 décembre 1883). En
février 1883, Jules Ferry forme son deuxième cabinet, appuyé sur une
coalition centriste (Union républicaine et Gauche républicaine).
Clemenceau et les radicaux se sont déjà opposés à Ferry lorsqu'il était
au ministère de l'Instruction publique (1879-80 et 1882), l'accusant de
timidité dans la mise en œuvre des réformes républicaines. Le mouvement
ouvrier et socialiste commence à s'organiser, contestant le radicalisme «
vieille école » de Clemenceau : en 1882, Jules Guesde fonde le Parti
ouvrier français, tandis que les anarchistes se manifestent, pas
seulement par la « propagande par le fait », dénoncée dès 1887 par
Kropotkine, mais surtout avec la mise en place des Bourses du travail. Jules Ferry « douché » par Clemenceau (caricature de Charles Gilbert-Martin, Le Don Quichotte, 2 février 1884). Lors
des débats sur l'autorisation des syndicats (loi Waldeck-Rousseau votée
en mars 1884), Clemenceau rétorque à Ferry, en janvier 1884 :
« C'est l'État qui doit intervenir directement pour résoudre le
problème de la misère, sous peine de voir la guerre sociale éclater au
premier jour52. » Durant l'été 1884, alors qu'on débat de la
révision constitutionnelle, Clemenceau prône l'abolition du Sénat et la
suppression de la présidence de la République52. Il échoue, la loi du 9
décembre 1884 se limitant à une simple réforme du Sénat. La même année,
il se rend avec une délégation radicale à Marseille lors de l'épidémie
de choléra, faisant la connaissance de l'équipe du journal Le Petit
Var53. Son combat contre Jules Ferry aboutit le 30 mars 1885 à la
démission de ce dernier sur l'affaire du Tonkin. La Chambre, en
particulier la droite et l'extrême gauche, refuse de voter une rallonge
de 200 millions de francs pour les troupes françaises au Tonkin
attaquées par l’armée chinoise. Le 9 juin 1885, le second traité de
Tien-Tsin confirme cependant l'occupation française. Le succès initial
de la colonisation française dans les décennies suivantes pousse nombre
d'historiens et membres du « parti colonial » à critiquer Clemenceau
pour son « aveuglement ». La décolonisation54 ne sera à l'ordre du jour
que 70 ans plus tard. Le débat avec Ferry rebondit le mois qui
suit sous le cabinet Brisson, alors que Ferry défend l'expédition de
Madagascar. De nouveau, Clemenceau s'oppose farouchement à la
colonisation, refusant tout impérialisme au nom du respect envers les
autres peuples et civilisations55 ; il s'oppose par ailleurs à une «
politique aventuriste » et du « fait accompli », faite au profit d'une
camarilla d'hommes d'affaires55, le célèbre « parti colonial » ; il
défend enfin la nécessité de préparer la France face à l'Allemagne55. Le
28 juillet 1885, Ferry invoque à la Chambre le « devoir » qu'ont les «
races supérieures » de « civiliser les races inférieures », s'appuyant
sur un type de discours alors à la mode56,55, ainsi que la nécessité de
trouver des débouchés commerciaux et de ne pas laisser le champ libre
aux autres puissances européennes57. Clemenceau lui répond vigoureusement58,59 :
« Les races supérieures ont sur les races inférieures un droit qu'elles
exercent et ce droit, par une transformation particulière, est en même
temps un devoir de civilisation. Voilà, en propres termes, la thèse de
M. Ferry et l'on voit le gouvernement français exerçant son droit sur
les races inférieures en allant guerroyer contre elles et les
convertissant de force aux bienfaits de la civilisation. Races
supérieures ! Races inférieures ! C'est bientôt dit. Pour ma part, j'en
rabats singulièrement depuis que j'ai vu des savants allemands démontrer
scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre
franco-allemande, parce que le Français est d'une race inférieure à
l'Allemand. Depuis ce temps, je l'avoue, j'y regarde à deux fois avant
de me retourner vers un homme et vers une civilisation et de prononcer :
homme ou civilisation inférieure ! Race inférieure, les
Hindous ! Avec cette grande civilisation raffinée qui se perd dans la
nuit des temps ! Avec cette grande religion bouddhiste qui a quitté
l'Inde pour la Chine, avec cette grande efflorescence d'art dont nous
voyons encore aujourd'hui les magnifiques vestiges ! Race inférieure,
les Chinois ! Avec cette civilisation dont les origines sont inconnues
et qui paraît avoir été poussée tout d'abord jusqu'à ses extrêmes
limites. Inférieur Confucius ! Je ne veux pas juger au fond
la thèse qui a été apportée ici et qui n'est autre chose que la
proclamation de la puissance de la force sur le Droit. L’histoire de
France depuis la Révolution est une vivante protestation contre cette
inique prétention. C'est le génie même de la race française que d'avoir
généralisé la théorie du droit et de la justice, d'avoir compris que le
problème de la civilisation était d'éliminer la violence des rapports
des hommes entre eux dans une même société et de tendre à éliminer la
violence, pour un avenir que nous ne connaissons pas, des rapports des
nations entre elles. Vous nous dites : « Voyez, lorsque les Européens se
sont trouvés en contact avec des nations que vous appelez barbares – et
que je trouve très civilisées -, n’y a-t-il pas eu un grand
développement de moralité, de vertu sociale ? » En êtes-vous sûr ?
Regardez l'histoire de la conquête de ces peuples que vous dites
barbares et vous y verrez la violence, tous les crimes déchaînés,
l'oppression, le sang coulant à flots, le faible opprimé, tyrannisé par
le vainqueur ! Voilà l'histoire de votre civilisation ! Prenez-la où
vous voudrez et quand vous voudrez, et vous verrez combien de crimes
atroces, effroyables ont été commis au nom de la justice et de la
civilisation. Je ne dis rien des vices que l'Européen apporte avec lui :
de l'alcool, de l'opium qu'il répand, qu'il impose s'il lui plaît. Et
c'est un pareil système que vous essayez de justifier en France dans la
patrie des droits de l'homme ? […] Je ne comprends pas que
nous n'ayons pas été unanimes ici à nous lever d'un seul bond pour
protester violemment contre vos paroles. Non, il n'y a pas de droit des
nations dites supérieures contre les nations inférieures. Il y a la
lutte pour la vie qui est une nécessité fatale, qu'à mesure que nous
nous élevons dans la civilisation nous devons contenir dans les limites
de la justice et du droit. Mais n'essayons pas de revêtir la violence du
nom hypocrite de civilisation. Ne parlons pas de droit, de devoir. La
conquête que vous préconisez, c'est l'abus pur et simple de la force que
donne la civilisation scientifique sur les civilisations rudimentaires
pour s'approprier l'homme, le torturer, en extraire toute la force qui
est en lui au profit du prétendu civilisateur. Ce n'est pas le droit,
c'en est la négation. Parler à ce propos de civilisation, c’est joindre à
la violence, l’hypocrisie » Le 30 juillet 1885 à la Chambre, il répond une nouvelle fois à la politique défendue par Jules Ferry :
« Pendant que vous êtes perdus dans votre rêve colonial, il y a à vos
pieds des hommes, des Français, qui demandent des dépenses utiles,
fructueuses au développement du génie français et qui vous aideront en
augmentant la production, en la faisant à meilleur compte, à trouver ces
fameux débouchés que vous fermez par vos expéditions guerrières ! [Très
bien ! très bien ! Applaudissements sur divers bancs]. Il y a la
question politique. On n’en a rien dit, on l’a oubliée, elle a disparu
des préoccupations de M. Jules Ferry. Mais elle subsiste, vous êtes en
face d’un pays où se dressent les problèmes les plus graves pour une
nation, à savoir comment vous pouvez organiser un gouvernement régulier
fondé sur le principe de la Liberté. Depuis cent ans tous nos
gouvernements sont venus échouer contre la Révolution. Réussirons-nous à
organiser, à régler l’évolution pacifique au grand bénéfice de tous ?
Quand un homme d'État ose même regarder en face une pareille œuvre,
lorsqu'il ne trouve rien à conseiller à une nation, sinon de partir en
guerre aux quatre coins du monde, s'il ne comprend pas que la première
condition du progrès qu'il veut servir, c'est la paix, s'il formule une
doctrine de guerre, c'est peut-être un grand homme dans le sens vulgaire
du mot, ce n'est pas un démocrate60 ! » Plus tard, s'appuyant
sur l'exemple de la Cochinchine, Clemenceau conteste (rejoignant en cela
la position de Thiers et de la droite de cette époque) le profit
économique qu'apporterait la colonisation55 (« pour refaire la France
vaincue, ne pas gaspiller son sang et son or dans des expéditions sans
profit », proclame-t-il lors du discours de Salerne de 1893). Plutôt que
de diffuser la « civilisation française » dans le monde, il préconise
de lutter contre la misère en France et de faire avancer les droits
sociaux55. Vague boulangiste Article connexe : Boulangisme. Georges
Clemenceau prononçant un discours dans une réunion électorale, huile
sur toile de Jean-François Raffaëlli, musée d'Orsay, vers 1885. Toile
de fond du boulangisme, le nationalisme français et la volonté de
revanche sur la Prusse. Ici, fête nationale rue Montorgueil, par Claude
Monet, ami de Clemenceau, en 1878. Les élections d'octobre 1885
marquent un progrès important des monarchistes alors que la Grande
dépression (1873-1896) s'abat sur la France. Clemenceau, mis en
ballottage, est élu à la fois à Paris61,62 et dans le Var où le modéré
Jules Roche s'est désisté par discipline républicaine, permettant à la
liste radicale de l'emporter61. Clemenceau opte pour le Var
(circonscription de Draguignan), département dont la population vote de
plus en plus à gauche. Majoritaire, la gauche est cependant divisée
entre les modérés de l'Union républicaine et de l'Union démocratique et
l'extrême-gauche, incluant la Gauche radicale, dont fait partie
Clemenceau. En 1886, le général Boulanger, ancien condisciple de
Clemenceau au lycée de Nantes63, est nommé ministre de la Guerre dans le
cabinet Freycinet, ce qui est considéré comme un geste des modérés
vis-à-vis de Clemenceau63. Effectivement, Boulanger, républicain et
patriote, applique de manière étendue la loi du 22 juin 1886 interdisant
aux membres des familles ayant régné sur la France de servir dans
l'armée. Opposé au colonialisme, qu'il considère comme un détournement
de l'effort militaire vis-à-vis de Bismarck, et préparant la
professionnalisation de l'armée, il plaît alors à Clemenceau, qui reste
cependant circonspect63. Lors de l'affaire Schnæbelé (1887),
Boulanger consulte Clemenceau, qui lui conseille d'agir avec fermeté
sans tomber dans la provocation lancée par Bismarck63. C'est le début de
la vague boulangiste qui manque d'emporter la République. Appuyé par
une coalition hétéroclite de radicaux d'extrême-gauche (L'Intransigeant
de Rochefort et La Lanterne de Mayer) et de monarchistes, Boulanger,
démis de ses fonctions en tant que ministre à la suite de la chute du
cabinet Goblet provoquée par Ferry, puis démis de ses fonctions
militaires en mars 1888, se présente successivement à plusieurs
élections partielles, se faisant élire puis démissionnant pour se faire
élire ailleurs, afin de faire la preuve de sa popularité. Il critique le
parlementarisme et appelle à une réforme institutionnelle qui donnerait
une grande place au référendum et à ce qu'il appelle la « démocratie
directe » (proposition de loi du 4 juin 1888). Les sceptiques, au
contraire, dénoncent un risque d'autoritarisme. Fin 1887, le scandale
des décorations est utilisé par les boulangistes pour discréditer le
régime parlementaire : le président Jules Grévy est contraint de
démissionner en décembre 1887. Les républicains, Jules Ferry en
tête, s'inquiètent de cette vague antiparlementaire. Ferry fait l'objet
de la colère populaire lors d'une manifestation des 1er et 2 décembre
1887, à laquelle participent des membres de la Ligue des patriotes de
Déroulède, des proches de Rochefort, des anarchistes, dont Louise
Michel, des blanquistes du Comité central révolutionnaire, etc., qui
s'opposent à l'élection à la présidence de Ferry63. C'est finalement
Sadi Carnot qui est élu. De son côté, Clemenceau semble s'appuyer
au début sur la vague boulangiste pour pousser ses propres projets de
réforme institutionnelle (abolition du Sénat et de la présidence)63,
avec prudence puisque dès juillet 1887, il critique la manifestation en
faveur de Boulanger qui a eu lieu le 1463. En mars 1888, tout en
s'opposant aux boulangistes, il refuse de voter l'ordre du jour demandé
par le cabinet Tirard, composé d'Opportunistes. Il exige en effet des
réformes sociales, et pas seulement politiques : selon lui, c'est leur
absence qui explique le succès du général. Il vote donc comme les
députés boulangistes (Laguerre, ancien collègue de La Justice, ou
Michelin). L'ordre du jour est néanmoins voté par 339 voix, contre 8263.
Selon l'historien Michel Winock : « Au fond, Clemenceau, à
la mi-mars 1888, utilise la fièvre boulangiste, sans être boulangiste
lui-même, pour aiguillonner le parti républicain, ses hommes au pouvoir
et les parlementaires64. » En avril, il s'oppose frontalement à
Boulanger, l'accusant de césarisme et de bonapartisme, en somme de
représenter un danger pour la République. Le 25 mai 1888, avec Joffrin,
Ranc et Lissagaray, il fonde la Société des droits de l'homme et du
citoyen, unissant contre la vague boulangiste diverses tendances
républicaines, à l'exception des partisans inconditionnels de Ferry,
ainsi que certains « possibilistes » (Joffrin) . Lorsque le 4
juin 1888, Boulanger présente à la Chambre son projet de réforme
institutionnelle, Clemenceau s'y oppose, déclarant : « je le dis très
haut : je suis pour la politique de parti […] Il [Boulanger] ignore
apparemment, lui qui essaie de faire un parti, que c'est d'abord un
groupement d'idées, que c'est là ce qui, dans tous les pays du monde,
constitue un parti […] Lisez l'histoire de la France depuis la
Révolution française, et vous verrez que le parti royaliste, que le
bonapartisme lui-même, et en tout cas le parti républicain, ont chacun
leurs traditions et leurs titres dont ils peuvent se réclamer. Vous
croyez qu'ils peuvent disparaître à votre voix […] Le voulussent-ils,
ils ne le pourraient pas, et il me sera permis qu'il faut que le parti
royaliste ne se sente guère de fierté au cœur pour adhérer à la
déclaration que nous avons entendue tout à l'heure […] ces cinq cents
hommes qui sont ici, en vertu d'un mandat égal au vôtre, ne s'accordent
pas sans discussion. Eh bien, puisqu'il faut le dire, ces discussions
qui vous étonnent, c'est notre honneur à tous. Elles prouvent surtout
notre ardeur à défendre les idées que nous croyons justes et fécondes.
Ces discussions ont leurs inconvénients, le silence en a davantage. […] Si
c'est le régime de discussion que vous croyez flétrir sous le nom de
parlementarisme, sachez-le, c'est le régime représentatif lui-même,
c'est la République sur qui vous osez porter la main65. » « La Révolution est un bloc » Le « massacre de Fourmies » à la une de L'Intransigeant du 14 mai 1891. Aux
élections générales de septembre-octobre 1889, le camp républicain
s'unit contre la menace boulangiste et la droite. Clemenceau se présente
de nouveau à Draguignan. Au premier tour, il obtient 7 500 voix sur 15
400 suffrages exprimés, face au boulangiste Achille Ballière, ex-déporté
de Nouvelle-Calédonie, et au radical Louis Martin (3 500 voix). Par
discipline républicaine, Martin se désiste et Ballière, bon perdant, se
retire, permettant la réélection de Clemenceau le 6 octobre 1889 (9 500
voix sur 10 200 suffrages exprimés, l'abstention ayant augmenté au
deuxième tour). Le 29 janvier 1891, à l'occasion d'une
interpellation du gouvernement au sujet de l'interdiction de la pièce de
théâtre de Victorien Sardou, Thermidor, Georges Clemenceau affirme,
dans un discours resté célèbre, que « la Révolution est un bloc66 ». Lors
de la fusillade de Fourmies du 1er mai 1891, il évoque un « Quatrième
État » à propos des ouvriers, et réussit à faire voter l'amnistie des
manifestants arrêtés67. Avec Millerand et Pelletan, il propose, sans
succès, une mesure similaire, à la suite de la grève des mineurs de
Carmaux de 1892. Scandale de Panama Duel entre Georges Clemenceau et Paul Déroulède (Le Petit Journal, 7 janvier 1893). En
1892, Clemenceau est mis en cause dans l'affaire de Panama. La première
attaque vient de Gaston Calmette qui, le 12 décembre 1892, écrit sous
pseudonyme un article dans Le Figaro, dans lequel il monte en épingle
une rencontre, la veille de la mort de Jacques de Reinach, avec
Clemenceau, Maurice Rouvier et Cornelius Herz. Rouvier avait en fait
demandé à Clemenceau d'être son témoin pour cette réunion68. Il
est ensuite accusé par les boulangistes (Maurice Barrès), les
antisémites (notamment La Libre Parole), Ernest Judet, propriétaire de
l'influent Petit Journal, dont les attaques sont douteuses (voir
ci-dessous la caricature du « pas du commandité » du 19 août 1893),
d'avoir frayé avec Cornelius Herz, d'origine juive, qui achetait les
votes de certains députés et avait naguère investi dans La Justice. On
intente un procès contre Clemenceau, de fausses preuves sont produites
mais il est blanchi. Néanmoins, sa réputation est entachée et la
revanche de ses nombreux adversaires est en marche. Le nationaliste Paul
Déroulède l'accuse de corruption à la Chambre, le 20 décembre 1892, et
le provoque publiquement en duel. Stephen Pichon est le seul à se lever
pour proclamer sa solidarité et à quitter l'hémicycle avec lui. Le 22
décembre 1892, aucune des six balles tirées par chacun des adversaires
ne fait mouche. Les témoins sont Barrès et Léon Dumonteil pour
Déroulède, Gaston Thomson et Paul Ménard-Dorian pour Clemenceau69. Le
journaliste Édouard Ducret va jusqu'à utiliser un faux pour faire
accuser Clemenceau d'intelligence avec l'ennemi, en l'occurrence le
Royaume-Uni, avec le relais de Lucien Millevoye. Ce dernier, qui accuse
non seulement le député radical, mais également Rochefort, est
ridiculisé à la Chambre. Ducret et son complice, l'escroc Louis-Alfred
Véron alias « Norton », sont condamnés pour faux et usage de faux. Campagne hostile de 1893 « Le pas du commandité » : Clemenceau caricaturé par Henri Meyer (Le Petit Journal, 19 août 1893). Lors
de la campagne électorale pour les législatives d'août-septembre 1893,
l’opposition utilise abondamment la rhétorique de l’homme vendu aux
puissances étrangères, de l’escroc, du parvenu… Il est soumis à une
campagne particulièrement haineuse, dépassant de loin le département du
Var. Ses ennemis, de gauche et de droite, forment même une Ligue
anti-clemenciste, et Engelfred crée le 5 août un nouveau journal,
L'Anti-Clemenciste70. La presse, nationale et régionale, n'est
pas en reste : le Petit Dracénois de Fortuné Rouvier se retourne contre
lui tandis que d'autres périodiques poursuivent leur campagne à son
encontre : La Cocarde, Le Figaro, Le Petit Marseillais, La Croix, etc.
Le Petit Journal, force de frappe journalistique qui tire à un million
d'exemplaires70, publie en une « Le pas du commandité », un portrait
satirique de Clemenceau sur la scène de l'Opéra (allusion à la
cantatrice Rose Caron, sa maîtresse) en train de danser avec des
ballerines tout en jonglant avec des sacs remplis de livres sterling, «
au son d'un orchestre conduit par un Anglais à favoris »71 et au nez
crochu, caricature antisémite de Cornelius Herz 72,73. Le marquis
de Morès, fondateur avec Drumont de la Ligue antisémitique, se présente
contre Clemenceau et l'accuse d'être un « agent de l'Angleterre70 ». En
face, Clemenceau est moralement soutenu par Rochefort, Jaurès ou les
mineurs de Carmaux70. Le 8 août 1893, dans son discours de Salerne, il
dénonce « la meute » lancée contre lui et demande : « Où sont les
millions ? » Le 20 août 1893, au premier tour, il obtient 6 634
voix : il est le mieux placé des dix candidats, mais en ballottage ; le 3
septembre, il est battu, obtenant 8 610 voix contre 9 503 à l'avocat
Joseph Jourdan, soutenu par une coalition hétéroclite de gauche et de
droite70. De l'Affaire Dreyfus au Sénat Écriture et question sociale Portrait gravé de Georges Clemenceau publié dans L'Illustration du 2 septembre 1893. Cet
échec électoral force Clemenceau à se mettre en retrait. Il s'appuie
sur ses talents d'écriture ainsi que sur sa notoriété pour faire face à
ses difficultés financières ; il a en effet des dettes pour La Justice,
où il remplace Pelletan à la rédaction en chef à partir d'octobre 1893.
Un nouveau duel - il en a eu 12 au total74, considérant ceux-ci comme la
marque de l’accomplissement de la liberté individuelle garantie par la
République75 - l'oppose à Paul Deschanel, qui l'a de nouveau impliqué,
sans preuves, dans l'affaire de Panama, le 27 juillet 1894. Deschanel
est légèrement blessé. Clemenceau profite de ce répit pour écrire
dans La Justice une série d'articles, rassemblés en 1895 dans La Mêlée
sociale, avec une préface qui décrit un processus de civilisation
rigoureusement inverse à celui prôné par le darwinisme social ; le jeune
Maurras, pas encore devenu royaliste, la dit d'une « tumultueuse
beauté76 ». Il y dénonce les tarifs Méline de 1892 qui protègent les
cultivateurs de blé, mais pas, selon lui, les petits propriétaires
terriens ni les populations urbaines, assujetties à une hausse des
prix77. Il ne cesse d'appeler à la réforme sociale, mettant l'accent sur
la misère à travers des faits divers ; il reprend, à propos du chômage,
la phrase de Marx sur « l'armée de réserve du travail77 ». Il critique
la répression des grèves, fait l'éloge de Louise Michel, critique
l'évolution du christianisme, qui, d'« insurrection des pauvres », est
devenu un « syndicat des riches77 ». Il s'élève contre la
propagande par le fait des anarchistes, rappelant une « effroyable
histoire de sang, de tortures et de bûchers, auprès desquels la bombe de
Vaillant est une plaisanterie d'enfants77 ! » Il compare la psychologie
de ce dernier à celle de Robespierre qui voulait « amener le règne de
la vertu sur terre77 ». Comme Jaurès, il s'oppose aussi à la peine de
mort, décrivant par le détail l'exécution d'Émile Henry : « Je sens en
moi l'inexprimable dégoût de cette tuerie administrative, faite sans
conviction par des fonctionnaires corrects. […] Le forfait d'Henry est
d'un sauvage. L'acte de la société m'apparaît comme une basse
vengeance77. » Il s'oppose aux lois scélérates (1894), prenant la
défense de l'ouvrage censuré de l'anarchiste Jean Grave, La Société
mourante et l'anarchie77. Il s'attaque au libéralisme économique
défendu par Léon Say, Yves Guyot et Leroy-Beaulieu77 : « Qu'est-ce que
votre laissez-faire, votre loi de l'offre et de la demande, sinon
l'expression pure et simple de la force ? Le droit prime la force :
voilà le principe de la civilisation. Dès que nous avons constaté votre
loi, à l'œuvre contre sa barbarie77. » Contre l'individualisme
libéral et la non-intervention de l'État d'un côté, contre le
collectivisme de l'autre, il préconise les réformes sociales et l'impôt
sur le revenu et sur la propriété77. Il ébauche néanmoins une
possibilité d'entente avec Jaurès, affirmant que son programme n'est, en
fait, que « la reprise du programme radical-socialiste défendu par La
Justice depuis quatorze ans77 ». Par ailleurs, d'août 1894 à
1902, il écrit dans La Dépêche de Toulouse, contrôlée par Maurice
Sarraut, d'abord des chroniques littéraires, puis des articles
politiques78. Il collabore également au Journal (de 1895 à 1897), à
L'Écho de Paris (1897), devient éditorialiste à L’Aurore et à
l'hebdomadaire Le Bloc78. Il publie des recueils d'articles : Le Grand
Pan (1896), dans lequel il fait l'apologie du paganisme précédant le
judéo-christianisme ; Au fil des jours (1900) et Les Embuscades de la
vie (1903). Il s'essaie même au roman, avec Les Plus Forts (1898). Ses
essais littéraires, qui ne remportent guère de succès populaire, sont
raillés par Maurice Barrès, Charles Maurras étant plus indulgent. En
revanche, Léon Blum est élogieux pour Le Grand Pan ainsi que pour son
roman78. Il écrit aussi une pièce de théâtre en un acte, Le Voile du
bonheur, représentée pour la première fois le 4 novembre 1901 au théâtre
de la Renaissance (théâtre Gémier), avec une musique de scène de Gabiel
Fauré, mais sans grand succès[réf. nécessaire]. Cependant, la pièce est
adaptée en un film, réalisé par Albert Capellani et sorti en 1910 ;
Clemenceau y est crédité en tant que scénariste. Défenseur du capitaine Dreyfus « J'accuse… ! » à la une de L'Aurore du 13 janvier 1898. L'affaire
Dreyfus permet à Clemenceau de revenir au premier plan. Entré comme
rédacteur à L’Aurore en octobre 189779, il n’est pas au départ convaincu
de l’innocence du capitaine Dreyfus, condamné au bagne en 1894.
Approché par Mathieu Dreyfus, par Lucien Herr, le bibliothécaire de
l'École normale supérieure, et par son ami Arthur Ranc, il entre
progressivement dans l'Affaire80. Ranc l'envoie chez son vieil
ami, dont il s'était éloigné, Auguste Scheurer-Kestner, vice-président
du Sénat, qui a eu connaissance par Me Leblois du témoignage du
lieutenant-colonel Picquart innocentant Dreyfus et accusant Esterhazy80.
Sans se prononcer sur l'innocence de Dreyfus, Clemenceau s'indigne
contre le refus de transmettre les pièces du dossier à l'avocat de la
défense, et réclame la révision du procès sur cette base80. Loin de
considérer que cela déshonore l'armée, il s'étonne au contraire que
l'armée puisse ne pas être soumise à la justice ; il commence aussi à
prendre conscience du rôle de l'antisémitisme80. C’est
l’acquittement d'Esterhazy, le 11 janvier 1898, qui déclenche la crise ;
le 13 janvier, Zola publie « J'accuse… ! », dont le titre a été trouvé
par Clemenceau80 Georges Clemenceau lui dédicace ainsi l'Iniquité
: « À Zola, pour l'avoir suivi dans la bataille ». La même année, il
publie un ouvrage sur les mœurs de la communauté juive de Galicie, Au
pied du Sinaï, qui, malgré les poncifs (« nez crochus », « maîtres du
monde », « Juif crasseux »), s'achève sur une note conciliante81. Il
plaide ensuite, aux côtés de son frère Albert, avocat, dans le procès
intenté à Zola et au journal. Le 23 janvier 1898, il lance le néologisme
d'intellectuel : « N'est-ce pas un signe, tous ces intellectuels, venus
de tous les coins de l'horizon, qui se groupent sur une idée et s'y
tiennent inébranlables80 ? » Provoqué par Édouard Drumont, il
défie celui-ci en duel le 26 février 1898. Le duel a été provoqué par un
article comportant notamment les mentions suivantes : « Je
suis trop modeste, monsieur, pour prétendre que mes services militaires
égalent ceux de tant de généraux et de tant d'officiers d'élite que Zola
traîne dans la boue aux applaudissements de votre bande. Ils me donnent
le droit, cependant, d'exprimer mon mépris pour l'homme qui ne s'est
aperçu qu'il y avait une armée française que lorsqu'il a éprouvé le
besoin de cracher dessus. […] Vomi par vos électeurs et redevenu
journaliste, vous vous êtes fait le défenseur du traître Dreyfus. Vous
êtes un misérable, évidemment, mais dans votre genre, vous avez au moins
le mérite d'être complet. » — Édouard Drumont Clemenceau,
tireur reconnu et se sachant opposé à un myope, choisit le pistolet
comme arme du duel. Toutefois, aucune des trois balles tirées par chacun
des deux adversaires, situés à vingt pas de distance l'un de l'autre,
n'atteindra sa cible80. Absorbé par l'Affaire, il décline la
proposition qui lui est faite de se présenter dans le Var pour les
législatives de mai 189880. Dreyfus est innocent : les défenseurs du droit, de la justice et de la vérité. Clemenceau figure parmi les défenseurs du capitaine sur cette affiche dreyfusarde (1899). Caricature antidreyfusarde de Clemenceau en horrible homme-hyène (Musée des horreurs de V. Lenepveu, 1899)82,83. Depuis
décembre 1897, il publie sans relâche : près de 700 articles
dreyfusards84 publiés entre 1899 et 1903 sont réunis en sept volumes
(L'Iniquité, La Honte, etc.), articles qui sont des succès populaires,
permettant au « Tigre » de rembourser la plupart de ses dettes. Malgré
la réticence de son directeur Arthur Huc, il écrit également dans La
Dépêche. C'est après la lecture publique des preuves alléguées contre
Dreyfus, par le ministre de la Guerre Godefroy Cavaignac, le 7 juillet
1898, qu'il acquiert l'intime conviction de l'innocence du capitaine,
sans toutefois changer sa ligne de défense80. Cloué au lit par
une bronchite contractée à la station thermale de Carlsbad, il ne peut
assister au procès de révision en août-septembre 1899 à Rennes, ouvert
peu après la formation du gouvernement de Défense républicaine de
Waldeck-Rousseau. Il recommande alors d'attaquer frontalement les
militaires, conseil non suivi par Me Demange. En septembre 1899, alors
que Dreyfus a été de nouveau condamné pour trahison, mais avec
circonstances atténuantes — jugement dont Clemenceau moque l'incohérence
—, Waldeck-Rousseau envoie le ministre Millerand proposer à l'équipe
dreyfusarde d'accepter de demander une grâce présidentielle.
Contrairement à Jaurès, Clemenceau y est opposé, préférant la justice et
la reconnaissance de droit de l'innocence de Dreyfus plutôt qu'un acte
de clémence : dans une lettre à Me Labori, il avait souligné : « Dreyfus
n'est ici qu'un protagoniste symbolique. Il faut sauver tout ce que
représente l'innocence aux abois85. » Cependant, interrogé par Mathieu
Dreyfus, qui refuse de demander la grâce sans l'unanimité de l'équipe
dreyfusarde, il lui laisse le champ libre86. Le président Loubet signe
le décret de grâce le 19 septembre 1899. Cinq jours plus tard,
Clemenceau réitère ses convictions : « Oh! je n'ignore pas
qu'on va poursuivre la réhabilitation de Dreyfus devant la Cour de
cassation. […] Mais au-dessus de Dreyfus — je l'ai dit dès le premier
jour — il y a la France, dans l'intérêt de qui nous avons d'abord
poursuivi la réparation du crime judiciaire. La France à qui les
condamnations de 1894 et de 1899 ont fait plus de mal qu'à Dreyfus
lui-même87. » Dreyfus est réhabilité, le 12 juillet 1906 par un
pourvoi en cassation ; ainsi, comme le préconisait l'avocat à la défense
Me Henri Mornard, le conseil de guerre de Rennes a été annulé sans
renvoi : « attendu en dernière analyse que de l'accusation portée contre
Dreyfus rien ne reste debout88 » ; il est décoré le même jour par le
général Gillain. Georges Clemenceau s'oppose à la loi d'amnistie
du 14 décembre 1900, qui concerne aussi bien le général Mercier que
Picquart et Zola89. En décembre 189990,91, Clemenceau quitte L’Aurore,
indigné par un article d'Urbain Gohier qui se vantait d'avoir à lui seul
défendu Dreyfus79. Il crée alors un nouvel hebdomadaire, Le Bloc, qu'il
rédige quasiment en entier79. Il s'attaque à nouveau au colonialisme,
s'intéressant en particulier au cas de l'Indochine, et critiquant au
passage les missionnaires. Ce journal paraît jusqu’au 15 mars 1902. Lutte contre le cléricalisme et le colonialisme au Sénat Clemenceau photographié par Henri Manuel (1904). Après
dix ans d'absence, son retour à la vie parlementaire s'appuie sur ses
nombreuses amitiés, mais aussi sur les résultats de ses campagnes
d'agitation en faveur d'Alfred Dreyfus. Lorsqu'une place de sénateur
inamovible se libère, ce qui provoque une élection partielle dans le
Var, nombreux sont ceux qui l’incitent à poser sa candidature et se
déclarent prêts à la soutenir. Réticent au départ, Clemenceau se laisse
finalement convaincre par son éditeur, Stock, et surtout la délégation
varoise menée par le maire de Draguignan92. Une autre raison est que le
général Mercier, ennemi acharné lors de l'affaire Dreyfus, s'est fait
élire sénateur. La décision du Tigre est saluée par Jaurès93. Bien
que Clemenceau ait affirmé antérieurement son radicalisme et son
socialisme92, il reste à l'écart du nouveau Parti radical-socialiste,
créé en 1901, ce qui ne l'empêche pas d'être soutenu dans le Var par les
radicaux d'une part, des républicains indépendants d'autre part94. Le
6 avril 1902, le radical hostile au bicamérisme, qui dénonçait le Sénat
comme une institution antirépublicaine vingt ans plus tôt, est élu avec
344 voix sur 474 votants, contre 122 pour son rival, un conseiller
général radical-socialiste94. Les législatives d'avril-mai 1902 voient
la victoire du Bloc des gauches et la formation du cabinet Émile Combes. Après
la réaction cléricale et militariste provoquée par l'Affaire Dreyfus,
l'ordre du jour républicain n'est autre que la séparation des Églises et
de l'État, appelée de ses vœux par le Tigre depuis des décennies.
Cependant, dès la rentrée, son discours du 30 octobre 1902 étonne
l'assemblée. Constituant selon l'historien Michel Winock « une des bases
de la philosophie républicaine en matière de laïcité et d'éducation95
», ce discours critique férocement la « politique romaine » et le «
gouvernement romain », distingué de la « religion catholique romaine »,
ces deux composantes formant l'« Église romaine ». Alors que la
loi 1901 sur les associations visait uniquement les congrégations
religieuses non autorisées, il pourfend la « théocratie » catholique et
réclame la « suppression pure et simple au nom de la liberté » des «
congrégations religieuses », « législativement » supprimées depuis 1790 :
« Retirés du monde, les moines sont partout répandus dans le monde. La
congrégation plonge ses racines dans tous les compartiments de l'État,
dans toutes les familles. Et de toute sa puissance, elle enserre pour
notre malheur cette société moderne, ce progrès, ce libéralisme que le
Syllabus a condamné96. » Il défend cependant la « liberté
d'enseignement », contestant, à l'encontre de Ferdinand Buisson (qu'il
cite) et de la gauche républicaine, l'intérêt pour l'État du monopole de
l'éducation : « l'État, au lieu de s'immobiliser dans le monopole,
recevra de ses concurrents l'impulsion nécessaire à son propre
développement d'éducateur97. » Le Temps s'alarme de ce regain de
jacobinisme tandis que Péguy, pas encore converti, publie ce discours
dans les Cahiers de la quinzaine, avec le titre : « Discours pour la
liberté98 ». Il participe finalement à la chute du cabinet
Combes, à la fois en raison de l'affaire des fiches et de la
non-dénonciation du Concordat qui aurait dû, selon lui, être
l'aboutissement de la crise provoquée par le voyage du président Loubet à
Rome99. En avril 1905, lors des débats sur la loi de séparation
des Églises et de l'État, Clemenceau passe à nouveau à l'attaque, cette
fois-ci contre Aristide Briand et Jean Jaurès ; il s'oppose à leur
frilosité à propos de l'article 4, qui concerne la dévolution de la
propriété ecclésiastique aux associations cultuelles100. Alors que le
catholique Albert de Mun se félicite de « ce grand coup donné à la loi
», Clemenceau traite Briand de « socialiste papalin » et accuse la
nouvelle formulation de l'article de « [mettre] la société cultuelle
dans les mains de l'évêque, dans les mains du pape » ; « voulant rompre
le Concordat, la Chambre des députés est demeurée dans l'esprit du
Concordat […] au lieu de comprendre qu'elle aurait pour premier devoir
d'assurer la liberté de tous les fidèles, sans exception100. ». Malgré
cela, il vote la loi. Le 30 septembre 1906, la séparation de l'Église et
de l'État constitue le deuxième thème de son discours à la
Roche-sur-Yon [archive]. Pas plus que sur l'anticléricalisme,
revigoré par l'Affaire, Clemenceau ne cède quoi que ce soit sur le
colonialisme. Dans L'Aurore du 13 juin 1904, il critique la domination
française sur le Maroc, et se moque, le 2 avril 1905, au moment de la
crise de Tanger, de la politique de l'inamovible ministre des Affaires
étrangères, Théophile Delcassé : « Les politiques
républicains, trouvant plus aisé de remporter des victoires sur les
populations désarmées de l'Afrique et de l'Asie que de s'adonner à
l'immense labeur de la réformation française, envoyaient nos armées à
des gloires lointaines, pour effacer Metz et Sedan, trop prochains. Une
effroyable dépense d'hommes et d'argent, chez une nation saignée à
blanc, où la natalité baissait. […] Partis de France dans l'illusion
qu'à la condition de tourner le dos aux Vosges, le monde s'ouvrait à
nous, nous rencontrons l'homme de l'autre côté des Vosges devant nous à
Tanger101. » La volonté de protéger le pays n'est jamais loin : «
Être ou ne pas être, voilà le problème, qui nous est posé pour la
première fois depuis la guerre de Cent Ans, par une implacable volonté
de suprématie. » (L'Aurore, 18 juin 1905100). Il s'éloigne de Jaurès,
entré aux côtés de Jules Guesde à la SFIO100, et critique
l'internationalisme de Gustave Hervé dans « Pour la patrie » (12 mai
1905) : « ils comprendraient peut-être que la nature humaine
est à la racine de tous les faits sociaux, bons ou mauvais, et que la
suppression de la patrie ne détruirait point le fondement universel de
l'égoïsme humain, ne changeant que la forme des manifestations de
violence inhérentes à l'homme, seul ou associé100. » Figure controversée du pouvoir exécutif « Premier flic de France » Louis Lépine, préfet de police, et Georges Clemenceau, en 1908. En
mars 1906, après la victoire des radicaux aux élections législatives,
Ferdinand Sarrien est appelé à former le cabinet. Clemenceau ironise : «
Ça, rien ? Tout un programme102 ! » Mais Briand, qui doit encore
négocier les inventaires de l'Église, préfère l'avoir avec lui plutôt
que contre lui et subordonne sa participation à celle de Clemenceau102 :
ce dernier obtient ainsi l'Intérieur, alors que la France connaît une
vague de grèves importantes, parfois quasi-insurrectionnelles (la CGT a
entériné son orientation syndicaliste révolutionnaire avec la Charte
d'Amiens, tandis que la SFIO est sur une position révolutionnaire et
anti-réformiste bourgeoise, malgré les hésitations de Jaurès). « Je suis
le premier des flics », dit-il alors103,104. Place Beauvau,
Clemenceau calme le jeu sur la question des inventaires : le 20 mars
1906, alors qu'il ne reste plus à inventorier que 5 000 sanctuaires sur
68 000, il déclare à la Chambre : « Nous trouvons que la question de
savoir si l'on comptera ou ne comptera pas des chandeliers dans une
église ne vaut pas une vie humaine102. » Confronté à la grève qui
fait suite à la catastrophe de Courrières (plus de 1 000 morts), il
refuse d'envoyer, comme c'est l'usage, la troupe de façon préventive,
c'est-à-dire dès que la grève se déclare, mais se rend à Lens dès le 17
mars, et affirme aux grévistes que leur droit à faire grève sera
respecté, sans envoi de la troupe, tant qu'aucune personne ni propriété
ne sera menacée102. Les grévistes s'échauffant, il se résout à envoyer
une troupe de 20 000 soldats le 20 mars ; le Temps (22 mars) est
rassuré102. Cette décision marque le début du divorce entre Clemenceau
et la gauche socialiste, révolutionnaire et syndicaliste105. La
grève fait tache d'huile, atteignant Paris : L'Écho de Paris titre «
Vers la révolution ». À l'approche du 1er mai 1906, Clemenceau avertit
Victor Griffuelhes, secrétaire général de la CGT, qu'il sera tenu
responsable pour tout débordement, et fait arrêter préventivement
plusieurs militants d'extrême-droite, « laissant entendre la préparation
d'un complot »102. Il fait aussi venir 45 000 soldats à Paris102 : la «
fête du Travail », sous haute surveillance policière, se déroule dans
le respect de l'ordre et de la propriété102. En juin 1906, une joute
l'oppose à Jaurès à la Chambre pendant six jours102. Le 18 octobre 1906, Ferdinand Sarrien, malade, recommande Clemenceau au président Armand Fallières pour lui succéder102. Président du Conseil pour la première fois Il
accède à la présidence du Conseil le 25 octobre 1906, à 65 ans, et
reste au pouvoir presque aussi longtemps que Waldeck-Rousseau. Son
cabinet comprend le socialiste indépendant René Viviani, à la tête d'un
Ministère du Travail inédit, le général Picquart, qui avait dévoilé la
supercherie accusant Dreyfus, comme ministre de la Guerre, son ami
journaliste et diplomate Stephen Pichon à la tête du quai d'Orsay, Louis
Barthou aux Travaux publics, Gaston Doumergue au Commerce, et Joseph
Caillaux aux Finances. Conformément à l'habitude de cumuler la
présidence du Conseil avec un portefeuille ministériel, Clemenceau
demeure à l'Intérieur. Enfin, il maintient Aristide Briand à
l'Instruction publique et aux Cultes. Son programme ministériel,
dévoilé le 5 novembre 1906 à la Chambre, vise à maintenir la paix avec
l'Allemagne, tout en réformant l'armée afin de préparer la France à un
éventuel conflit. Sur le plan social, il déclare vouloir accomplir la
réalisation de la loi sur les retraites ouvrières, la loi sur les 10
heures, améliorer la loi Waldeck-Rousseau sur les syndicats,
nationaliser la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest en
quasi-faillite, intervenir dans le contrôle de la sécurité dans les
mines avec possibilité de rachat des compagnies houillères, préparer un
projet de loi sur l'impôt sur le revenu… 17 chantiers sont ainsi lancés. Séparation des Églises et de l’État Clemenceau, président du Conseil, caricaturé par Achille Lemot dans le magazine catholique Le Pèlerin, 30 septembre 1906. Le
sujet prioritaire est toutefois l'application de la loi de séparation
des Églises et de l'État, fermement condamnée par Pie X dans
l'encyclique Vehementer nos. La question soulève de nouveaux débats, le
Vatican faisant tout pour empêcher la formation des associations
cultuelles, auxquelles sont cen Article connexe : Tombe de Georges Clemenceau. Frappé
d'une crise d'urémie à 88 ans, Clemenceau meurt après trois jours de
maladie, à 1 h 45 du matin, le dimanche 24 novembre 1929188, à son
domicile au 8 rue Benjamin-Franklin à Paris — ancienne « garçonnière »
de Robert de Montesquiou — qu'il habitait depuis 34 ans. Le 18 mai 1926,
l'immeuble entier de son appartement est mis en vente dans le cadre de
la succession de sa propriétaire, qui, connaissant les ressources
modestes de son illustre locataire, n'avait pas augmenté le loyer du
petit appartement. L'immeuble est secrètement acheté pour le compte d'un
admirateur de Clemenceau, le milliardaire américain James Douglas Jr.
(1867-1949). Masque mortuaire de Georges Clemenceau (agence Meurisse, 1929). « Pour mes obsèques, je ne veux que le strict minimum, c'est-à-dire moi189 ». «
Une terrasse plantée d'acacias qui domine le lit d'un ruisseau. Des
arbres, beaucoup d'arbres. Quelque chose dans tout cela de simple et en
même temps d'orgueilleux. Une sorte de paix des premiers âges […] M.
Clemenceau me montrant sa tombe : voilà la conclusion de votre livre :
un trou et beaucoup de bruit pour rien190 ». Sur son lit de mort,
Clemenceau, voyant arriver un prêtre aurait dit : « Enlevez-moi ça ! »
mais l'anecdote est peu sûre ; le graveur et sculpteur lorrain René
Godard (1886-1955), prix de Rome de gravure en 1919, le représenta un
mois avant sa mort assis dans un fauteuil de jardin, coiffé de son
éternel calot de soldat — les méplats asiatiques de son visage le font
ressembler à Gengis Khan — et François Sicard réalisa son masque
mortuaire (dessin et masque sont reproduits dans le numéro-hommage de
L'Illustration de novembre 1929). Son exécuteur testamentaire est
son vieil ami corse Nicolas Pietri. Le lendemain du décès, conformément
au testament du 28 mai précédent qui stipulait « Ni manifestation ni
invitations, ni cérémonie », son corps, auprès duquel avait été placé
selon ses instructions un petit coffret recouvert de peau de chèvre, le
livre (Le Mariage de Figaro selon le numéro-hommage de l'Illustration de
novembre 1929) qu'y avait déposé sa mère, sa canne « à pomme de fer qui
est de ma jeunesse », offerte par son père lorsqu'il était enfant, et «
deux bouquets de fleurs desséchées », dont celui que lui offrirent en
Champagne le 6 juillet 1918 deux soldats d'avant-poste promis à la mort,
fut transporté dans sa voiture et arriva à 12 h 30 à Mouchamps
(Vendée), au « bois sacré » où reposait depuis 1897 son père, en
présence de 200 gendarmes et de nombreux paysans accourus malgré les
barrages routiers et la fermeture du chemin menant au manoir-ferme du
Colombier, où ses ancêtres avaient vécu du début du XVIIIe siècle à
1801191. Il fut porté en terre par son chauffeur Brabant, son valet de
chambre Albert Boulin, deux fossoyeurs et deux paysans, sur le bord d'un
ravin boisé dominant une boucle du Petit Lay (terrain qui avait été
donné à la commune en avril 1922 par Clemenceau et ses cinq frères et
sœurs) dans la simplicité des funérailles protestantes traditionnelles. Une
légende tenace veut qu'il ait été enterré debout afin d'être tourné
vers la « ligne bleue des Vosges » voire pour défier l'Église catholique
; en réalité, du fait d'une des grosses racines du cèdre impossible à
réduire, le cercueil ne put être posé à plat, mais fut légèrement
incliné192. Un de ses familiers, le commandant Jean de Lattre de
Tassigny, futur maréchal de France — dont la pieuse mère disait chaque
jour son chapelet depuis 1918 pour la conversion de Clemenceau — fut
avec son épouse parmi ses rares amis vendéens à assister à ses obsèques,
et protesta ensuite envers l'évêque qui n'avait cru devoir annuler une
réjouissance publique prévue le soir même. Une copie — sans le
livre sur lequel s'appuie la lance du modèle original, à la demande de
Clemenceau — de la Minerve casquée dite de Samos sculptée par Sicard en
pierre blonde d'Égypte surplombe les sépultures jumelles, dépourvue de
dalles et de toute inscription, entourées de grilles ombragées par un
grand cèdre de l'Atlas, « arbre de La Liberté » planté en 1848 par
Benjamin Clemenceau et son jeune fils pour célébrer la Deuxième
République193. Pendant de longues années, la commune de
Montmartre fit fleurir la sépulture, de même que celle de Mouchamps, le
jour anniversaire de l'Armistice de 1918, et l'État, pour celui de sa
mort (24 novembre) ; c'est probablement lors de l'une de ces deux
circonstances que le peintre amateur C. Gauducheau-Merlot représenta en
1954 la Minerve de Sicard au socle orné d'un ruban tricolore
(Mouilleron-en-Pareds, musée Clemenceau-De Lattre). Par décision
ministérielle du 15 juillet 1998, les deux tombes, la stèle et l'allée
d'accès ont été inscrites à l'Inventaire supplémentaire des Monuments
historiques. Détail des mandats et fonctions Maire du 18e arrondissement de Paris, composé pour l'essentiel de l'ancienne commune de Montmartre (1870-1871) Conseiller municipal de Paris (1871-1876), président du conseil municipal de Paris (1875) Député (1871 et 1876-1893) Sénateur (1902-1920) Ministre de l'Intérieur (1906) Ministre de la Guerre (1917-1920) Président du Conseil (1906-1909 et 1917-1920) Membre de l'Académie française (élu en 1918, n'y siège jamais) Hommages et postérité Sépulture de Georges Clemenceau à Mouchamps (Vendée) Minerve casquée par Sicard. Quinze
jours après l'armistice, est créée l’Union nationale des combattants,
citée dans le Journal officiel du 11 décembre 1918. Elle est reconnue
d’utilité publique par décret du 20 mai 1920. Georges Clemenceau et le
révérend père Daniel Brottier en sont les fondateurs. Clemenceau remet
au premier trésorier de l’UNC la somme de 100 000 francs or, provenant
d’un don d’une mère, dont le fils est tombé au combat. En 1918, il devient docteur honoris causa de l'université Jagellon de Cracovie194. Hommages de personnalités Vinrent s'incliner sur sa tombe :
le 12 mai 1946, Charles de Gaulle, entouré d'une foule estimée à 3 000
personnes, honorant sa promesse de venir lui annoncer la victoire, à la
suite du message qu'il adressait symboliquement de Londres le 11
novembre 1941 : « Au fond de votre tombe vendéenne,
Clemenceau, vous ne dormez pas. Certainement la vieille terre de France
qui vous enterre pour toujours a tressailli avec colère tandis que le
pas insolent de l'ennemi et la marche feutrée des traîtres foulaient le
sol de la patrie… » deux présidents de la République, lors de
visites officielles : le 9 novembre 1951 Vincent Auriol et le 11
novembre 1987 François Mitterrand (entouré de 300 personnes), et un
ancien président du Conseil et président du parti radical-socialiste,
Édouard Herriot en 1955. Hommages de Nantes Nantes est une des villes qui a le plus rendu hommage à Clemenceau, de son vivant même. En
effet, c'est dès le 12 novembre 1918 que la municipalité exprime le
souhait de donner son nom au lycée où il a fait ses études secondaires,
ce qui est entériné par un décret du 4 février 1919. Peu après
est décidée la construction d'un monument aux morts du lycée ; lors de
la séance du conseil municipal de Nantes du 26 mars 1919, un débat
s'élève pour savoir si on doit y représenter Clemenceau : les
socialistes, par la voix d'Eugène Le Roux, futur député, estiment que ce
n'est pas nécessaire et rappellent qu'il est aussi le président du
Conseil de 1906-1907. Le monument (sans Clemenceau) de Siméon Foucault
est inauguré en sa présence, le 27 mai 1922 ; il y prononce un discours
dont la dernière phrase, adressée aux lycéens, est restée depuis lors
gravée sur une plaque dans la cour d'honneur : « pour connaître par
vous-mêmes, sans attendre l'avenir, la fortune de vos efforts,
retroussez résolument vos manches et faites votre destinée », paroles
qui marquèrent, entre autres lycéens, le futur écrivain Julien Gracq195.
Cette cérémonie fit la couverture de L'Illustration du 3 juin. D'autres hommages lui sont rendus après sa mort. Dès
le 24 novembre 1929, la municipalité donne son nom à la rue du Lycée et
peu après, décide d'ériger un monument en son honneur dans la cour du
lycée, en pendant au monument aux morts. Ce monument, qui comporte en
médaillon un buste de Clemenceau par François Sicard, fut inauguré, le
26 avril 1931 en présence d'André Tardieu (Voir L'Illustration du 2 mai,
de nouveau en couverture). Enfin, en 1966, un des ponts de la «
deuxième ligne de ponts » reçoit le nom de « pont Georges-Clemenceau »
(le second étant le « Pont Aristide-Briand »). Honneurs anthumes Le Monument à Georges Clemenceau à Sainte-Hermine, de Sicard, date de 1920196. Honneurs posthumes Clemenceau à Saint Hermine. Plaque Georges Clemenceau dans la station portant son nom sur la ligne 1 du métro. Onomastique En
France, son nom, prévu initialement pour un des quatre porte-avions
légers devant être lancés après guerre, projet de navires finalement
abandonné, fut donné à un des deux porte-avions lancés au début des
années 1960 (l'autre sera nommé Foch). Le Clemenceau fut en service de
1961 à 1997. Lors de son dernier voyage, le commandant du « Clem », vint
mouiller entre l'île de Ré et la côte vendéenne et fit tirer une salve
d'honneur afin de saluer symboliquement « Bel-Ebat » à
Saint-Vincent-sur-Jard, la maison de vacances de Clemenceau. Le nom a aussi été donné à :
de nombreux établissements scolaires dont plusieurs lycées (un à
Nantes, où Clemenceau étudia, à Reims, à Montpellier, à Chantonnay…) et
plusieurs collèges (à Cholet, Epinal, Lyon, les Essarts,
Mantes-la-Jolie, Tulle…). à des hôpitaux (hôpital Georges-Clemenceau à Champcueil et hôpital Clemenceau à Caen), à des ponts (pont Georges-Clemenceau à Nantes, pont Clemenceau à Lyon…)
à des places, avenues ou rues, comme la place Clemenceau, dans le 8e
arrondissement de Paris, les rues Georges-Clemenceau à Nantes et à
Saint-Malo…), les rues Clemenceau à Calvi, à Tarbes, etc. En
1931, la station Champs-Élysées sur la ligne 1 du Métro prend le nom de
Champs-Élysées - Clemenceau. Une station de la ligne a du métro de
Rennes porte aussi son nom. À l'étranger, on peut citer l'avenue
Clemenceau à Bruxelles ou la rue Clemenceau à Beyrouth. Aux États-Unis,
un quartier de la ville de Cottonwood en Arizona est nommé Clemenceau (à
la demande de son ami James Douglas Jr., fondateur du Clemenceau
Heritage Museum consacré à l'histoire de la ville) et au Canada, une
montagne dans les Rocheuses, le Mont Clemenceau. Une avenue porte son
nom à Singapour. Sa statue du rond-point des Champs-Élysées à
Paris (1932. Photo coul. plus haut) est due au sculpteur officiel
François Cogné (1876-1952) ; des réductions en terre cuite ont été
produites. À Saint-Vincent-sur-Jard (Vendée), la longue et basse
maison de pêcheur louée à partir de 1920 au commandant Luce de Trémont,
châtelain à Avrillé (Vendée), un hobereau voisin, afin d'y passer la
moitié de l'année, ce qu'il appelait sa « bicoque » ou son « château
horizontal », où il réunit meubles familiaux, provenant de sa demeure de
Bernouville (Eure), vendue entre-temps. La maison est achetée par
l'État et transformée en une sorte de maison du souvenir, qui est gérée
par la Caisse nationale des monuments historiques et des sites. «
La mer ici m'enchante (…). Il y a des bleus et des verts sur la palette
du ciel. On en ferait des tableaux » (lettre à Monet, automne 1921). À
Paris, son appartement, devenu propriété américaine, fut transformé en
musée197 en 1931 et géré par une fondation qui reçut des trois héritiers
de Clemenceau les meubles et objets s'y trouvant à sa mort ; demeuré
ouvert pendant la Seconde Guerre mondiale, il reçut la visite de
militaires allemands, dont le général von Stülpnagel, commandant en chef
des troupes d'occupation en France. Son fils, Michel Clemenceau
(1873-1964), résistant, déporté et interné en 1940-1945, homme politique
de la Quatrième République, à qui son père avait dédicacé ainsi un de
ses ouvrages : « À mon fils, qui aura des devoirs après ma mort »,
meubla et décora avec des meubles, objets d'art et souvenirs personnels
de son père, la maison qu'il avait fait bâtir de 1927 à 1929 à
Moret-sur-Loing (Seine-et-Marne), nommée « La Grange-Batelière », qu'il
légua à sa quatrième épouse, Madeleine, qui conserva sa vie durant le «
musée Clemenceau » familial ainsi constitué, qui fut dispersé en 250
lots le 13 février 2005 à Fontainebleau, dont plusieurs "épaves" de la
collection d'art asiatique, vendue par nécessité en 1894198 de
Clemenceau (cf. catalogue) à qui, en 1922, en remerciement de sa
réception en Vendée, le prince héritier du Japon Hirohito, âgé de 11
ans, envoya deux bannières en soie peintes de carpes, qui devinrent le
signal de sa présence pour les pêcheurs - et « un ivoire millénaire
figurant la déesse des eaux », dons personnels du couple impérial. Dans
le cadre de cette vente publique l'État préempta pour le Centre des
Monuments nationaux certains objets et documents pour le musée
Clemenceau de la rue Benjamin-Franklin et les fonds muséaux vendéens ;
par ailleurs, l'État acquit cette même année la maison natale de
Clemenceau à Mouilleron-en-Pareds, située à deux rues de celle de Jean
de Lattre de Tassigny, qui sont réunies dans le projet global du musée
national des Deux Victoires (ou musée
Georges-Clemenceau-et-Jean-de-Lattre), créé en 1959 dans la mairie à
l'initiative de la maréchale de Lattre et d'André Malraux ; l'Institut
vendéen Clemenceau-de-Lattre, association d'amis de ce musée, a son
siège dans cette commune. Le Premier ministre Manuel Valls s'est souvent déclaré admirateur de Georges Clemenceau et de sa politique199. En
novembre 2017, le président de la République française, Emmanuel
Macron, annonce que 2018 sera l’« année Clemenceau » en France200. Les
élèves 2017-2018 de l'ENA le choisissent comme nom de promotion201. Numismatique «
Le Tigre » est l'effigie d'une pièce de 10 € en argent éditée en 2012
par la Monnaie de Paris, pour la collection « Les euros des régions »
afin de représenter les Pays de la Loire. Expositions À
l'occasion du cinquantenaire de sa mort, une exposition iconographique
Clemenceau, du portrait à la caricature s'est tenue du 4 juillet au 29
septembre 1980 au musée national des Deux Victoires de
Mouilleron-en-Pareds (Vendée). En novembre 1997, l'Association
des maires de Vendée a organisé l'exposition itinérante du riche fonds
documentaire et iconographique du collectionneur vendéen Octave Fort,
qui fut maire d'Avrillé - comprenant les archives du général Mordacq,
chef du cabinet militaire de Clemenceau de 1917 à 1920 - sous le titre
Clemenceau, cet inconnu. 2013-2014 - Clemenceau et les artistes
modernes, Manet, Monet et Rodin à l'Historial de la Vendée, aux Les
Lucs-sur-Boulogne, du 8 décembre 2013 au 2 mars 2014, catalogue par les
éditions d'art Somogy et Conseil général de la Vendée ; Le Tigre
et l'Asie, Musée national des Arts asiatiques - Guimet, Paris, du 12
mars au 6 juin 2014, puis au musée de Nice et enfin à l'Historial de la
Vendée, du 15 novembre 2014 au 15 février 2015 ; catalogue et hors-série
exposition no 74 de L'Objet d'Art. Œuvres La Mêlée sociale, coll. « Bibliothèque-Charpentier », Charpentier & Fasquelle (1895) ; Articles et discours de guerre : Georges Clemenceau, Jean-Jaques Becker, Éditions Pierre de Tailac (2012) ; Le Grand Pan, Eugène Fasquelle, 1896 - rééd. par l'Imprimerie Nationale en 1995, avec une préface de Jean-Noël Jeanneney ; Les Plus Forts, Roman contemporain (Eugène Fasquelle, 1898) ; L’iniquité, P.-V.Stock, 1899 ; Des juges Affaire Dreyfus (P-V Stock, 1901) ; Au Fil des jours (Eugène Fasquelle) ; Aux embuscades de la Vie (Bibliothèque Charpentier / Eugène Fasquelle éditeur, 1903) ;
Dans les champs du pouvoir (Payot, 1913) : articles réunis en volume
parus dans L'Homme Libre entre le 5 mai et le 13 juillet 1913. Au pied du Sinai (1898, rééd. par Georges Crès, 1920) ; Démosthène (Plon, 1926) ; Au soir de la pensée (Plon, 1927) ;
Claude Monet : les Nymphéas (Plon, 1928 - « Son Claude Monet est à la
fois l'hommage personnel que sa piété amicale a voulu rendre à l'artiste
qui lui avait procuré tant de joie esthétique et au novateur dont
l'exemple lui semblait devoir être conservé », Gaston Monnerville, op.
cit.) ; Grandeurs et Misères d'une victoire (Plon, 1930, rééd. Éditions Perrin, coll. Les Mémorables, 2010) ; Figures de Vendée (rééd. Plon, 1930) ; Pour la Patrie, 1914-1918 : pages extraites des articles et des discours de G.C. (Plon, 1934) ; Discours de guerre (Plon, 1934) ; Discours de paix (Plon, 1938) ;
L'Iniquité, premier des 7 tomes de ses écrits journalistiques consacrés
à l'Affaire, publiés chez Pierre-Victor Stock de 1899 à 1903 (rééd. de
la publication de 1899-1906 établie par Michel Drouin, Mémoire du Livre,
2001) ; il offrit à Zola un exemplaire avec ces mots : « à Zola pour
l'avoir suivi dans la bataille » ; Le Voile du bonheur, pièce en
un acte, éditions Fasquelle, Paris, 1901, représentée pour la première
fois au théâtre de la Renaissance le 4 novembre 1901. Lettres
d'Amérique, première édition des articles de Clemenceau publiés dans le
journal parisien Le Temps entre 1865 et 1869 ; présentées par Patrick
Weil et Thomas Macé ; préface de Bruce Ackerman ; éditions Passés
composés, 459 p., 2020. Traduction de Clemenceau : John Stuart Mill, Auguste Comte et le positivisme, [lire en ligne [archive]] (rééd. chez Alcan, 1893). Iconographie
1917 - Clemenceau visitant une tranchée gouache de Mathurin Méheut
(Péronne, Historial de la Grande Guerre, et une version à l'huile
réalisée en 1955 pour décorer le navire Le Vendée (offerte au musée
Mathurin-Méheut de Lamballe) ; 1919 - Clemenceau par Jean-Louis Forain (dessin) ; 1920 - Clemenceau par Cecilia Beaux, reproduite supra ;
1932 - Clemenceau, statue du rond-point des Champs-Élysées à Paris. Par
le sculpteur François Cogné (1876-1952) ; des réductions en terre cuite
ont été produites ; s. d. - Clemenceau par Edmond Heuzé ; par Manet, dont il avait fait entrer L'Olympia au musée du Louvre, et pour lequel il s'était battu en duel202 ; par René Godart, dessin (à la sanguine ?) reproduit par L'Illustration ; par Nadar (photographie reproduite supra) ; par le caricaturiste Léandre, qui le représente pourfendant symboliquement un « rond-de-cuir203 » , par les portraits-charges de Jules Depaquit, Noël Dorville, Raoul Guérin, Lucien Métivet, Jacques Nam, Sem204… par Manet205 reprod. supra ;
par Rodin206 ; Clemenceau décrit lui-même ainsi une séance de pose : «
montant sur un escabeau pour faire des croquis du sommet de son crâne
puis, s'accroupissant, pour mieux voir le bas de sa mâchoire, tout cela
pour lui faire une tête de général mongol207,208 » ; par Albert Besnard dans une gravure à l'eau-forte en 1917209 ;
un buste en terre cuite fait face à celui de son grand ami et presque
exact contemporain Claude Monet dans l'atelier-salon du peintre à
Giverny (Eure), qu'il encouragea à se faire opérer de sa cataracte ; un grand buste en grès de Carrière est exposé au musée Sainte-Croix de Poitiers ;
une photographie anonyme et non datée de lui assis à son bureau
parisien (illustre l'article de Jean Silvain cité en bibliographie) Un casse-noix à son effigie daté de 1870 est conservé au musée de Gap210. Georges Clemenceau vu par Aristide Delannoy, Les Hommes du jour, no 1, janvier 1908. Georges Clemenceau vu par Aristide Delannoy, Les Hommes du jour, no 1, janvier 1908. Georges Clemenceau vu par Auguste Rodin, Musée de l'Orangerie, Paris. Georges Clemenceau vu par Auguste Rodin, Musée de l'Orangerie, Paris. Georges Clemenceau par Édouard Manet, 1879-1880, Musée d'Art Kimbell, Fort Worth, Texas, États-Unis. Georges Clemenceau par Édouard Manet, 1879-1880, Musée d'Art Kimbell, Fort Worth, Texas, États-Unis. Bureau de Clemenceau à l'Hôtel de Brienne pendant la Premier Guerre mondiale. Bureau de Clemenceau à l'Hôtel de Brienne pendant la Premier Guerre mondiale. Dans la culture populaire Bande dessinée
Clemenceau, de Renaud Dély (scénario), Chris Regnault (stotyboard),
Stefano Carloni (dessin) et Jean Garrigues (historien), Glénat | Fayard,
56 pages, 2017. Filmographie En 1910, sa pièce Le Voile du bonheur est adaptée par Albert Capellani.
En 1992, Cyril Cusack interprète Georges Clemenceau dans un épisode de
la série télévisée Les Aventures du jeune Indiana Jones. En 1974, John Bennett interprète Georges Clemenceau dans La Chute des aigles. En 2006, Michael König interprète Georges Clemenceau dans Prince Rodolphe : l'héritier de Sissi. En 2012, Didier Bezace interprète Georges Clemenceau dans le téléfilm Clemenceau réalisé par Olivier Guignard.
En 2020, sa pièce Le Voile du bonheur est filmée en anglais, dans une
mise en espace de Marc Goldberg, avec la musique de scène originale de
Gabriel Fauré211. Il est incarné par André Dussolier dans le film Le Tigre et le Président (2022) de Jean-Marc Peyrefitte. Télévision
Michel Ragon : « Georges & Louise », Radio-télévision belge de la
Communauté française, Sonuma, 27 janvier 2000, voir en ligne [archive].
L'émission Secrets d'Histoire intitulée Georges Clemenceau : un Tigre
au grand cœur, réalisée par Dominique Leeb, lui est consacrée212. Notes et références Notes Prononciation en français de France standard retranscrite phonémiquement selon la norme API. Stéphane Gacon, « L'amnistie de la Commune (1871-1880) », Lignes, no 10, 2003, p. 45-64 (lire en ligne [archive]) :
« Deux lois d'amnistie sont votés : La première est promulguée le 3
mars 1879. Elle est très partielle puisqu’elle ne concerne que les
personnes déjà graciées ou qui obtiennent une grâce présidentielle dans
les trois mois. Elle invente donc la « grâce amnistiante », une
catégorie juridique nouvelle dans une démocratie qui, par tradition, a
Type:Médailles françaises
Métal:Bronze
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